D’autre part, il apparaît clairement à l’expérience qu’il est souvent nécessaire de déborder le cadre strictement familial pour reconstituer les antécédents de la personne.
Toutes les personnes qui ont joué un rôle dans l’histoire du patient – et surtout dans l’histoire familiale bien-sûr – peuvent et doivent être intégrées dans le génosociogramme.
Quant aux personnes qui possèdent très peu de renseignements sur leur famille (ce qui est mon cas personnel) pour des raisons diverses : séparations, exils, ruptures, émigration…elles peuvent elles aussi entreprendre un tel travail avec bénéfice. Cela donnera un « arbre » tout à fait particulier qui, en lui-même, aura déjà une signification importante qu’il s’agira de dégager et dont il faudra tirer parti.
Autre cas : beaucoup de renseignements sur le côté paternel et peu sur le monde maternel (ou vice-versa). Pas d’importance : le côté « sec » de l’arbre peut parfois provoquer chez le sujet une sorte de compensation imaginative ou fantasmatique qui devra être interrogée, car ce type de production, en fait, sert à réparer un manque, une perte.
Bien sûr il faut agir avec délicatesse et doigté car traquer les secrets de famille, débusquer les illusions, peut s’avérer douloureux et déstabilisant et il faut être à même d’en peser les répercussions et de les rendre inoffensives.
C’est souvent le rôle de la séance de travail qui suit le processus de psychogénéalogie et dont je vous parlerai ultérieurement.
Eclairer, dédramatiser, apaiser et re-dynamiser sont les résultats à obtenir d’un bon travail généalogique.
Ce travail est même possible avec des orphelins car, s’ils n’ont pas de parents et d’histoire familiale, ils ont eu néanmoins des éducateurs à l’intérieur d’une institution qui les a pris en charge – une famille adoptive qui, elle aussi, a projeté sur ces enfants autant que l’auraient fait des parents biologiques. Et ils ont donc énormément de choses à dire…et à dépasser.
N’oublions pas non plus l’élément purement historique de l’itinéraire familial qui doit être pris en compte : guerres, exils, bouleversement sociaux, évolution des idées, changements de régimes politiques ou religieux, etc, sont des paramètres qui doivent absolument être pris en compte dans le tissu des destinées individuelles et familiales et qui exigent une solide culture historique de la part de l’intervenant