novembre 28, 2023

L’ÉNIGME « EL CORDOBES » ET LE MYSTÈRE DE SA NAISSANCE

  1. Bonjour Mr Louis Saint-Martin,

    Je m’empresse de vous répondre car, comme vous, je me méfie des dates d’astrothème et astrodatabank, qui ne font que reprendre les dates de naissance “officielles” ou de wikipédia, et comme vous, la façon qu’on certains astrologues de corriger l’heure de naissance d’un consultant, me laisse perplexe. Du pipeau.
    Comme vous exprimiez d’emblée vos doutes quant à l’Ascendant Gémeaux d’El Cordobès, avant même de lire la suite de votre article et les propos de sa soeur, l’hypothèse d’un Ascendant Scorpion m’a sautée aux yeux et paraissait la plus vraisemblable.
    Si votre article m’a interpellée et m’a plu, c’est que j’ai moi-même la fâcheuse manie de lire (!), y compris des biographies, etc. et sans jamais oublier que je suis astrologue… Impossible de lire tranquillement : il me faut afficher les Cartes du ciel des protagonistes ; c’est ainsi que j’ai détecté nombre d’erreurs dans les dates de naissances officielles de personnages connus.
    Je n’en prendrai qu’un ici : Louise Colet, la “muse” de Gustave Flaubert. Sur wikipédia, ainsi que dans une biographie de Jean-Paul Clébert, on la fait naître le 15 septembre 1810 à 8 heures du soir; Vierge donc.
    Or, son audace, la façon dont elle se bat pour s’imposer dans le milieu littéraires, ses écrits, sa fierté, son allure, ne me paraissent guère en accord avec un Soleil en Vierge.
    Si je regarde ce qu’il en est de sa vie privée : elle a épousé Hyppolyte, un musicien, né sous le signe du Sagittaire ; elle a été la muse de Gustave Flaubert, Sagittaire, avec qui elle a eu une passion tumultueuse ; une liaison avec Victor Cousin, Sagittaire également. Avec Alfred de Vigny, Bélier. La plupart de ses amants (car je ne les connais pas tous !) sont des signes de Feu.
    Tout cela suffit à me faire douter de la date de naissance officielle, le 15 septembre ; je me dis qu’à l’époque, on ne déclarait pas forcément les naissances tout de suite, et que…
    Je fais des recherches sur internet, si toutefois je pouvais trouver les dates de naissance de ses parents : Antoine et Henriette ; et je finis par trouver copie de la déclaration de naissance : qui a été faite le 15 septembre en effet, mais la naissance a eu lieu le 15 août. Victoire ; je ne suis pas peu fière ; et
    Enfin, quand elle a été enceinte de sa fille Henriette, les mauvaises langues ont dit que c’était “une piqûre de Cousin”, allusion pleine de délicatesse à sa liaison avec Victor Cousin, ministre de l’éducation et académicien…
    Comme on fêtait en 2021 les 200 ans de la naissance de Flaubert, je me dis que l’occasion de contacter des spécialistes de Flaubert : Yvan Leclerc, directeur du Cetre Flaubert à Rouen ; Pierre Marc De Biasi ; ou encore Joëlle Robert, présidente de l’Association des amis de Flaubert et Maupassant, qui a rédigé la notice consacrée à Louise Colet, dans le Dictionnaire Gustave Flaubert… Et je renonce, de toute façon ces gens-là ne vous répondent jamais ; on ne fait pas partie du sérail.
    Enfin, à propos de la rumeur qui dit qu’Henriette serait la fille de Victor Cousin : lui-même n’y croyait pas, qui a très vite cessé de verser une pension à Louise Colet. Je cherche à me faire une opinion, même si je n’ai pas l’heure de naissance.
    Henriette est née le 16 juillet 1840, avec un amas planétaire en Cancer ; or Hyppolyte a la Lune en Cancer ; par ailleurs, quand son père (officiel) Hyppolyte meurt, en avril 1851, elle a onze ans, et les transits planétaires sont révélateurs d’un deuil et d’une perte affective. Pour moi, le père d’Henriette est bien Hyppolyte, et non pas Victor Cousin comme le rumeur se plaît à le faire croire.

    Pour terminer, à propos de l’anecdote personnelle que vous rapportez ; vous avez proposé, dites-vous, à des astrologues de trouver l’Ascendant de votre fils, que vous connaissiez fort bien, en donnant des dates d’évènements de sa vie. Mais vous ne dites pas si vous avez donné les dates de naissances des parents (la vôtre, celle de la mère, etc.)? car cela aide à retrouver l’hérédité, pour rectifier ou préciser parfois l’heure de naissance (Ascendant, Maisons).

    Bref, je suis contente de voir que je ne suis pas seule à aller chercher la petite bête, et à ne pas m’en tenir à ce qui est écrit, que ce soit dans wikipédia ou des ouvrages d’auteurs… Même si, quand on repère une erreur, qu’on corrige, c’est juste une satisfaction personnelle ; tout le monde s’en fout…

    Bien cordialement,
    J.T

    1. Tout le monde est loin de s’en foutre … La preuve : je vous félicite et pour votre ténacité dans la recherche et pour votre perspicacité. Jamais l’Astrologie ne sera prise au sérieux tant que nous en resterons aux à-peu-près ou aux approximations.
      Une seule petit erreur, si je vous ai bien lue et si j’ai bien compris : vous appelez le père de votre héroïne tantôt Antoine, tantôt Hippolyte ! Lequel est le bon ?
      Quant au rapport entre l’heure de naissance et le thème des parents, bien qu’insuffisant, il me paraît tout à fait éclairant car je l’ai souvent constaté : ainsi mon fils (en fait, mon beau-fils car il a perdu son papa très très jeune) dont le thème est Asc Scorpion avait un papa biologique avec un Asc Scorpion. Son frère aîné (mon autre beau-fils) a, lui aussi, un Asc Scorpion; quant à ma (belle) fille, l’aînée de la fratrie, elle a un Asc Balance, mais à la fin du signe et la quasi totalité de la 1ère Maison est interceptée en Scorpion.
      Bravo à vous.
      M’autorisez-vous à publier votre “commentaire” sous forme d’article sur mon “blog” ? En tout anonymat bien entendu ?
      Bien cordialement à vous
      LSM

  2. Rebonjour,

    Ce que je voulais dire, c’est qu’il n’y a bien que des universitaires -non astrologues- pour n’avoir pas remarqué ce qui saute aux yeux, quand on connaît un peu la vie de Louise Colet : ses amours, ses écrits, puis ses soucis de santé : c’est que c’est une vraie Lionne !
    Comme d’ailleurs la plupart des femmes qui ont compté dans la vie de Gustave Flaubert : Elisa Schlesinger était Vierge avec Mars en Lion ; Mathilde, Princesse Bonaparte, pour qui il en a “pincé”, était Gémeaux, avec Mars en Lion ; Jeanne de Tourbey, Mars-Jupiter en Lion ; ainsi que Madame Sabatier : Bélier, avec Mars en Lion. Et sa mère enfin, Vierge, avec Vénus-Mars en Lion.

    J.T

    1. Effectivement notre cher Gustave aimait les femmes quelque peu viriles ou phalliques (comme dirait tonton Freud !) : lui-même Asc Scorpion avec une Lune en Lion. Mélange détonant qui peut expliquer ses incursions (discrètes) du côté de l’homosexualité, d’après ce que j’ai pu lire chez certains auteurs.
      Bien à vous
      LSM

  3. Bonjour,
    Merci de votre réponse et de vos compliments…
    “Une seule petite erreur si je vous ai bien lue” : eh bien non, vous ne m’avez pas bien lue, car il n’y a pas d’erreur…
    Louise Colet est la fille d’Antoine REVOL et d’Henriette.
    Elle a épousé Hyppolyte COLET, musicien, avec qui elle a eu une fille, qu’elle a prénommée Henriette (comme sa mère).
    En résumé : le père de Louise Colet est Antoine REVOL ; le père de sa fille Henriette, c’est son mari Hyppolyte COLET.
    Libre à vous de faire l’usage que vous voulez de mes commentaires.

    Puisque le sujet était l’exactitude des heures de naissance, un autre cas : Edgar MORIN.
    Sur Astrothème, etc. il est né le 8 juillet 1921 à 4h du matin, ce qui donne un Ascendant en Cancer. Déjà, quand l’heure est ainsi arrondie, il y a lieu de s’interroger. Et quand on le voit ou l’entend, l’Ascendant Gémeaux saute aux yeux comme aux oreilles ! Je vais donc y voir de plus près : après un premier mariage avec Violette Chappellaubeau, la mère de ses filles, notre cher Edgar a eu pas moins de trois épouses ou compagnes étrangères : Johanne Harelle (Jupiter en Gémeaux) artiste plasticienne canadienne, Edwige Lannegrace (Vénus en Sagittaire) et la dernière Sabah Abouessalam (Bélier, Lune en Gémeaux, Mars en Cancer), marocaine.
    La mobilité de sa vie affective, la récurrence de l’étranger et de l’exotisme dans le choix de ses partenaires, tout cela allait dans le sens d’un Axe I-VII en Gémeaux-Sagittaire et j’avais depuis longtemps corrigé son heure de naissance (pour ma gouverne), le faisant naître vers 3h45 au plus tard, ou avant.

    Vous me direz que cela ne suffit pas pour me donner raison… En 2021 (l’année de ses 100 ans) je tombe sur une interview d’Edgar Morin par Frédéric LENOIR, pour l’Express, du 22/05/1997, “Un langage qui nous parle de la psyché”
    A F.L qui l’interroge : “Avez-vous déjà fait faire votre thème astral ?
    E.M répond :”Je n’en ai pas ressenti spontanément le besoin. Mais deux amis m’ont déjà proposé, sans que je leur demande, d’interpréter ma Carte du ciel, ce que j’ai accepté bien volontiers.
    F.L : Et alors ?
    E.M : Cela m’a beaucoup intéressé ! Bien que me connaissant peu de manière intime, ces personnes ont exprimé avec beaucoup de justesse des tendances contradictoires que j’ai en moi, comme une introversion et une paresse exprimée par mon signe et mon Ascendant en Cancer, et en même temps un côté énergique, actif, exprimé par la présence de Mars, du Soleil et de Mercure dans mon signe ascendant. cela dit, on a découvert récemment que mon heure de naissance était inexacte, ce qui ferait passer mon ascendant en Gémeaux. Or je m’y retrouve tout à fait !”

    Eh bien voilà, la boucle est bouclée. Mais je remarque que ce ne sont pas les deux amis en question qui, interprétant sa Carte du ciel, ont corrigé son heure de naissance, puisqu’ils lui ont attribué un Ascendant Cancer ; mais les deux amis n’étaient peut-être que des astrologues amateurs ? Il faut l’espérer…

    Cordialement,
    J.T

    1. Vous avez raison, j’ai confondu le père et le mari. Où avais-je la tête ?
      Je me demande ce que Freud aurait pensé de “mon cas”. Passons.
      Pour ce qui est d’Edgar Morin, des titres comme “Introduction à la pensée complexe” ou “Dialogue sur notre nature humaine – L’unité dans la diversité” (avec Boris Cyrulnik) peuvent effectivement nous mettre sur la voie d’un Asc. Gémeaux. Sans oublier l’extrême prolixité de cet auteur qui écrit des livres comme “le pommier fait des pommes” (expression attribuée à Charles Trénet parlant de ses chansons). Je ne le connais pas vraiment, je n’ai lu de lui que son “Autocritique” qui ne m’a guère emballé : comment un homme qu’on dit – et qui se pense – si intelligent, a-t-il pu se tromper si longtemps et même s’obstiner dans son erreur ? Bref. Je suis heureux, en revanche, qu’il se soit intéressé à l’Astrologie et je vais peut-être me payer le luxe de lui envoyer mon dernier ouvrage. Pour distraire ses quasi cent trois ans !
      Bien cordialement à vous
      LSM

  4. Vous êtes sévère avec Edgar Morin. Qui ne s’est jamais trompé ?
    Vous n’ignorez pas, je suppose, qu’il avait dirigé une enquête sociologique sur l’astrologie ?

    En ce qui me concerne, je connaissais Edgar Morin, sociologue, mais ne l’avais pas lu. En 2004 (je suis installée en profession libérale depuis deux ans), je reste interdite en l’entendant sur une radio à l’occasion de la publication d’ETHIQUE, le 6ième et dernier volume de son oeuvre, La Méthode : il emploie les mêmes mots que moi : il parle comme un astrologue !
    A ce moment-là, une amie m’appelle et je fais part de mon enthousiasme. Quelques jours après j’ai l’agréable surprise de recevoir ETHIQUE, qu’elle m’envoie en cadeau.
    Dans cet ouvrage, Edgar Morin donne les clés pour sortir de notre crise contemporaine. Il commence par rappeler le précepte de Pascal : “Travailler à bien-penser”, car notre rationalité, notre discernement, sont menacés par la “disjonction” : l’incapacité à voir les interactions entre les phénomènes, du fait de la compartimentation des savoirs.
    Puis il propose les voies régénératrices pour sortir de notre barbarie civilisée (réforme de l’esprit, réforme de l’éducation, régénération morale, réforme de la science), pour une Grande réforme de civilisation, qui passe par une métamorphose, pour sauver l’humanité du risque d’anéantissement.

    Après avoir lu ETHIQUE, je lui ai écrit ; il m’a répondu par mail, précisant qu’il avait dirigé une enquête sociologique, publiée sous le titre : “La croyance astrologique moderne”, en me disant : “Vous devriez le lire ; si voulez je vous l’envoie.” J’accepte en le remerciant. Puis je reçois un mail : il n’a plus d’exemplaires chez lui, il en demande un à son éditeur Suisse et me l’envoie…Je ne l’ai jamais reçu (le Cancer est étourdi, quant au Gémeaux).

    En 2005, à l’occasion d’un échange avec Ferdinand David, j’évoque Edgar Morin – en lui envoyant des extraits d’ETHIQUE, avec son programme pour “sortir de notre barbarie civilisée”, et m’étonne qu’on ait pas cherché son soutien, puisqu’il s’est intéressé à l’astrologie et que nous parlons le même langage. Voici sa réponse :
    “En effet, Edgar Morin a dirigé et publié une enquête sociologique sur l’astrologie sous le titre “La croyance astrologique moderne” en 1982. C’était la réédition de 1971 qui portait alors le titre évocateur “Le retour des astrologues”. Il s’agissait d’un groupe de sociologues qui enquêtait sur tout évènement susceptible d'”être révélateur de flux souterrains, déclencheur de courants insoupçonnés ou inédits du changement social, porteur d’avenir”. C’était le temps des grandes remises en question dans notre société. L’évènement qui conduisit cette équipe à enquêter sur l’astrologie fut le succès monstre de Madame Soleil et les réactions violentes qu’il suscita chez les scientifiques. L’astrologue ne fascine pas ainsi sans raison, pensa sans doute, et à juste titre, l’équipe d’Edgar Morin.

    Je vous cite un passage de l’article que rédigea Philippe Defrance. Il témoigne de la finesse de cette enquête astrologique. Ces non-astrologues me semblent, en effet, avoir saisi la véritable dimension de l’astrologie, que bon nombre d’astrologues aujourd’hui ne manifestent pas : “Contrairement à ma voyance, l’astrologie est un système fortement structuré, qui possède sa symbolique propre. Ce système propose, au moins implicitement, une représentation du monde qui fonde et justifie la prédiction : pour l’astrologie, le microcosme humain exprime analogiquement le macrocosme cosmique. Ce postulat rend vraisemblable l’interprétation des configurations astrales. Ainsi cosmogonie et pratique divinatoire se valident l’une l’autre. Le thème individuel renvoie au monde, la vision du monde éclaire le thème individuel. L’individu, fragement ou réplique du Grand Tout, obéit aux mêmes lois, est traversé par les mêmes forces que l’univers lui-même”.
    Presque tout est dit, et bien dit, sur le fondement de notre astrologie… que n’importe quel honnête chercheur peut donc retrouver facilement, à l’égal des trois enquêteurs d’Edgar Morin. Connaissance de la structure de l’astrologie et représentation du monde sont indissociables pour “faire de l’astrologie”. Autrement dit : l’astrologie conduit à la représentation du monde, à la vérité du monde.

    “Pourquoi les astrologues n’ont-ils pas cherché le soutien d’un homme comme lui ?” me demandez-vous. Sans doute parce que les astrologues n’ont pas su -ou pas voulu, ou pas désiré – sortir de leur ghetto pour frayer avec les grands problèmes de notre société en donnant le point de vue de l’astrologie quand les lois universelles sont en jeu. J’ai essayé, il y a peu encore, d’alerter la Fédération sur cette question… en vain. Nous ne pouvons nous rencontrer utilement avec d’autres chercheurs – et redorer l’image de l’astrologie – que sur des problèmes communs de civilisation, et non point en continuant à admirer notre nombril d’astrologues. Il faut dire également que les médias, qui pourraient provoquer de telles rencontres, sont aujourd’hui plutôt orientés vers des sources d’émotions faciles que vers un tel objectif. Aujourd’hui cependant, pour être écouté, mieux vaut être un groupe représentatif d’une vision du monde qu’un individu isolé. Je vous enverrai l’Argumentaire-presse par un prochain mail.”

    Il m’adresse donc l’argumentaire-presse de l’ouvrage qu’il cherche à faire paraître : L’ASTROLOGIE, UN CHEMIN VERS LA VERITE DU MONDE
    Après lecture, je lui dit que ce serait bien d’avoir une préface d’Edgar Morin, et comme je lui dis avoir eu l’occasion de communiquer avec lui, il me répond :
    “Bien entendu, je serais très honoré qu’Edgar Morin signe une préface à mon livre, et je crois, comme vous, que ce serait bon pour l’astrologie.
    Mais préfacer un livre traitant d’astrologie, c’est, en quelque sorte, lui paraître favorable, et la plupart des scientifiques refusent ainsi de s’afficher. D’autre part, M. Morin n’est pas astrologue, et on hésite à préfacer un ouvrage dont on ne peut être certain de la justesse des propos… A moins que M. Morin, dans sa préface éventuelle, ne retienne que la thèse de mon livre : l’astrologie, un chemin vers la vérité du monde, puisque sa fondation révèle une civilisation tout autre que la nôtre et qui pourrait nous aider grandement à trouver une alternative à la nôtre qui atteint son seuil ultime de contradiction avec la véritable nature humaine.
    Je vous laisse toute liberté pour questionner M. Morin sur le principe d’une préface. S’il est d’accord, je lui adresserai volontiers mon manuscrit et, par la suite, je l’informerai des décisions de l’éditeur dès que je les connaîtrai.”

    J’ai donc adressé un mail à E. Morin, qui m’a répondu qu’il ne faisait plus de préfaces (je n’en crois rien). Quelques mois plus tard, j’entends un écrivain – écrivain voyageur – parler de son livre… préfacé par Edgar Morin !
    Ferdinand David a raison : il faut du courage de s’afficher ainsi. Il en parle dans ses ouvrages (La Voie, 2011) ; mais il y un pas qu’il n’a pas eu le courage de franchir.

    Quelques années plus tard, j’évoque le sujet avec une voisine (son compagnon pratique l’astrologie en amateur) ; elle m’offre “La croyance astrologique moderne”, qu’elle a trouvé d’occasion sur internet.
    La conclusion d’Edgar Morin montre bien qu’il a compris les fondements et le principe de l’astrologie :
    “La base anthropologique de l’astrologie est constituée d’une part par un principe organisateur selon lequel le ciel astral dirige, voire programme, l’homme (individu ou société), d’autre part par l’idée d’une parenté profonde entre l’astre et l’homme.
    Cette parenté est devenue aujourd’hui implicite, à demi consciente ; mais elle a atteint son empan maximal : en effet, la psycho-astrologie moderne, présuppose une relation fondamentale entre, d’une part, ce qu’il y a de plus intime et de plus subjectif – la psyché individuelle – et, d’autre part, ce qu’il y a de plus éloigné, de plus extérieur, de plus objectif : la configuration du ciel de naissance (…)
    Mais le vrai terrain de l’astrologie moderne, c’est le sujet (…) De fait, l’astro-psychologie prend la place d’une science de la personnalité qui n’existe pas encore, ou du moins que la psychanalyse ne fait que griffonner. Du reste, comme la psychanalyse, l’astrologie plonge dans les profondeurs de la psyché, y apporte son code symbolique, ses modèles systémiques et structuraux. Plus encore que la psychanalyse, elle offre au sujet, pour qu’il se reconnaisse, un discours métaphorique qui parle à la fois le langage d’un savoir et son propre langage subjectif. Elle apporte au sujet une réponse à l’obscurité mystérieuse de sa propre identité. Et, continuant là où la psychanalyse s’arrête, elle lui reconnaît et lui définit sa propre singularité en l’initiant à l’information générative – son A.D.N astral – qui détient les potentialités et les ferments de son destin.”

    Dans La Voie, 2011, il reprend les propositions d’ETHIQUE pour une Grande réforme de civilisation, mais de façon plus concrète, avec notamment un chapitre sur la situation de la médecine occidentale, qui ne pouvait que m’enthousiasmer par sa lucidité (j’ai travaillé dans une Clinique médicale infantile, un laboratoires d’analyses médicale et pharmacie, puis un CHR, et enfin dans l’industrie pharmaceutique, comme vous).
    Une médecine dont il dit les limites, les insuffisances, les ambivalences : de même que les progrès accomplis dans les connaissances scientifiques produisent de nouvelles ignorances dues à la disjonction et aux compartimentations entre disciplines spécialisées qui empêchent de concevoir les problèmes globaux et fondamentaux, paradoxalement les progrès de la médecine provoquent des régressions de connaissance et de nouvelles ignorances.
    L’individu traité est perçu comme patient, mais ignoré comme personne. La médecine traite un organe, soigne un organisme, rarement la personne, laquelle est insérée dans un contexte, d’abord familial. Il y a la famille, mais il faut aussi compter avec le milieu. Des malades errent de médecin en médecin, se plaignent de fatigue, etc. Médecins et malades ignorent que ces affections sont des maladies de civilisation qui résultent de la vie urbaine.
    L’individu vit au sein de plusieurs cercles. Il n’y a pas seulement le milieu urbain et le milieu social. Nous sommes sur une planète dotée d’une biosphère, et nous-mêmes en faisons partie. Nous sommes constitués principalement d’eau ; et d’éléments et de molécules qui se trouvent sur la Terre. Nous respirons l’air. Nous retrouvons là une idée des anciennes médecines traditionnelles pour qui l’eau, le ciel, la terre, l’air étaient des présences actives en l’être humain lui-même.
    Il est avéré que certaines personnes sont perturbées au moment de la pleine lune. Nous savons que nous sommes quelque part dans un système solaire dont l’astre central est en éruption permanente. Les interactions entre les planètes pourraient avoir un certain rôle sur nous, même si ce n’est pas celui que prétend avancer l’astrologie classique (???) Nous sommes des enfants du Cosmos : nos particules sont nées lors de ses premières secondes, nos atomes de carbone se sont créés dans un soleil antérieur au nôtre. Tout en étant évidemment différents par la culture, par la connaissance et la science, nous portons en nous tout l’héritage de la Vie, nous sommes une minuscule fraction intérieure du Cosmos qui lui-même est à l’intérieur de chacun de nous.
    Notre science et notre médecine nous ont isolés de notre monde comme si nous y étions étrangers. Nous devons rappeler la totalité complexe à l’intérieur de laquelle nous existons, vivons, souffrons, sommes heureux, malheureux, malades ou bien portants.
    Ajoutons que le médecin doit posséder une vertu enseignée nulle part : le flair, ce “je ne sais quoi” dont Jankélévitch a montré toute l’importance, c’est-à-dire l’art du diagnostic, du pronostic et de la prescription. Le bon médecin, en quelque sorte, anticipe la crisis, et peut ainsi intervenir au plus tôt, vu que l’on soigne plus aisément les maux à l’état naissant que losqu’ils s’enracinent. Ce type de médecin-là tend à disparaître ; il est remplacé par le médecin généraliste urbain, lui-même réduit au plus bas rang, qui reçoit les patients très rapidement sans même prendre le temps de connaître leur biographie.
    Nul enseignement de la médecine, nul enseignement universitaire ne montre que l’être humain est multidimentionnel : qu’Homo sapiens est aussi Homo demens, que son cerveau est, selon l’expression de Paul MacLean, triunique. Nul enseignement médical ne montre que l’être humain n’est pas une machine triviale dont on peut prédire le comportement quand on connaît ses input, mais qu’il recèle en soi une potentialité d’inattendu, d’hors-normes. Nul enseignement de la médecine ne nous montre la nécessité de la sympathie pour comprendre autrui, pas plus que celle du vouloir-vivre (Nietzsche), du “conatus” (Spinoza) (…)

    Il propose des voies réformatrices :

    La réforme des études de médecine
    Celles-ci devraient comporter :
    – un enseignement de sciences humaines intégrant psychosociologie des médecins et sociologie des médecins,
    – un enseignement de civilisation (voir le chapitre “Réforme de l’éducation”),
    – un enseignement sur la complexité humaine situant l’humain dans la nature vivante et dans le Cosmos,
    – un enseignement de connaissance et de pensée complexe qui permette d’affronter les relations entre le local et le global, la partie et le Tout, ainsi que de surmonter les disjonctions et compartimentation liées à la spécialisation.

    La réforme de la relation médecin/patient
    La réforme de la relation généraliste/spécialiste

    De multiples voies de guérison
    La médecine occidentale privilégie les médicaments de l’industrie pharmaceutique et l’usage de la chirurgie. Elle pourrait élargir son éventail thérapeutique en utilisant les médecines douces pour les affections qui ne requièrent pas un traitement de choc.

    La voie des symbioses entre médecines

    Edgar Morin propose de réhabiliter les autres médecines, notamment par les plantes (la médecine de nos grand-mères), ainsi que les médecines traditionnelles : dans les pays occidentaux, il n’y a que la médecine dite “normale”, conventionnelle. Mais ailleurs existent encore des médecines traditionnelles propres aux autres civilisations. On a une vaste pluralité de médecines qui pourtant sont ignorées ou méprisées. Nous devons prendre conscience que la pluralité et la diversité des médecines constituent une extraordinaire richesse pour l’espèce humaine. Mais il y a non-communication entre elles à cause du mode de pensée de la médecine occidentale qui se considère comme la seule vraie médecine et exclut de qui lui est étranger. Du reste, la carence communicationnelle est l’un des traits majeurs de cette médecine où les différents compartiments spécialisés ne communiquent pas les uns avec les autres.”

    Pardon pour la longueur, mais au cas où vous ne l’auriez pas lu, et comme nous avons un casier commun (non pas judiciaire, mais professionnel) dans l’industrie pharmaceutique, j’ai cru bon de rapporter encore ces propos d’Edgar Morin.
    J.T

    1. Merci, chère madame, pour ce long et passionnant exposé concernant la pensée d’Edgar Morin pour laquelle et telle que vous la présentez, je me sens beaucoup d’affinités.
      Mais il me faut remarquer que l’obstination dans l’erreur qu’il a manifestée pendant de si nombreuses années en faveur du marxisme soviétique, l’a complètement déserté lorsqu’il s’agit de témoigner en faveur de l’Astrologie. D’où son refus d’accorder une préface à un livre qui traite du sujet.
      Je voudrais évoquer, en contre-exemple, le cas de mon défunt ami Jean-Marie PELT, absolument convaincu de la validité de notre discipline et qui n’a pas hésité à témoigner de son engagement dans son ouvrage “Le tour du monde d’un écologiste”, dont la préface consiste en un dialogue plein d’humour entre les planètes lentes, avec – et j’en suis très honoré – une petite note de bas de page pour signaler ma contribution personnelle dans ses prises de position.
      Néanmoins j’ai beaucoup apprécié votre témoignage: aussi bien la richesse du propos que la clarté de l’exposé et je vous en remercie bien vivement.
      Très cordialement.
      LSM

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