RS : 19.04.2013 – 14.56 GMT ROME
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ELECTION
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Benoît XVI – Thème Natal
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Mars 30° Bélier
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Conjoint Soleil en M.VIII
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Sextile Mars 30° Gémeaux
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Vénus 5° Taureau
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Conjointe Vénus M VIII cuspide MVIII
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Demi-carré Jupiter M.1 – M.10 - M.9
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Uranus/Mercure 10° Bélier
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opposés Jupiter 12° Balance
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Vers opposition Lune 14° Bal.
Vers carré Pluton 14°Bal.
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Jupiter 15° Gémeaux
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Trigone Asc 14° Bal. - Jupiter 12° Bal.
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Carré Asc 17° Poissons (conjoint Jupiter)
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Pluton 12° Capricorne
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opposé Pluton 14° Cancer
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Neptune 5° Poissons
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Sextile Vénus 5° Taureau
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Sort du Trigone à Mars à l'entrée des Gémeaux
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Bonjour M. Saint Martin
Depuis peu l'état de ma mère s'est aggravé. Je vous passe les détails. Si elle ne meurt pas d'ici Lundi, ma soeur et mon frère iront discuter avec le médecin traitant de la clinique où elle "vit". Voilà 3 ans qu'elle ne réagit plus à notre présence et deux ans, à peu près qu'elle ne réagit même plus à la présence d'un bébé. Elle dort plus de 20 h par jour, et reste les yeux dans le vide le reste du temps. Elle n'est plus alimentée que par une sonde dans l'estomac et tenu en équilibre par des sangles. Ma question, la voici: existe-t-il un texte sur la présence d'une âme dans un corps réduit à cet état. Souvent je me dis que son âme est déjà partie. Mais je confonds peut-être avec la personnalité. Il y a un rapport avec l'âme et la personnalité puisque ce que fait, décide l'une affecte l'autre. Mais lequel? Je me suis souvent posé la question, nous en avons discuté avec M..... mais sans approfondir. Maintenant il est question d'enlever la sonde qui nourrit le corps de ma mère. Les médecins se sont même, discrètement, étonnés qu'un des leur ait pratiqué cette opération sur une femme dans l'état végétatif où elle était il y a 3 ans, avec de très brefs éclairs de lucidité cependant (ce qui devait l'horrifier alors). Je suis d'accord pour qu'on enlève cette sonde. Pour moi, il y a eu "acharnement thérapeutique". Après la pose de cette sonde, si je me souviens bien, il n'y a plus eu d'éclairs de lucidité et les manifestations même émotionnelles ont vite cessé.
Alors, son âme? Pouvez-vous m'aider dans ma réflexion? Est-ce que je visite une coquille vide, ou y a-t-il "quelqu'un"?
Merci.
Annabel P......
La réponse la plus simple serait de recourir à Aristote : "L'âme est la forme du corps". Il faut prendre ici le mot "forme" comme le principe actif de ce qui "'anime" le corps, de ce qui donne vie au corps. Le mot VIE évoque irrésistiblement le mot MORT. Or, de toute éternité (ou presque) la mort n'est pas signifiée par un électroencéphalogramme plat comme on nous le fait croire aujourd'hui pour des raisons évidentes relatives au prélèvement d'organes dans le plus grand été de fraicheur possible, mais par l'arrêt du COEUR. Autrement dit : tant que le coeur bat, il y a vie, et, tant qu'il y a vie c'est que "l'âme, forme du corps" fait son boulot.
D'autant que pour un Chrétien, il n'y a pas l'âme d'un côté et le corps de l'autre comme pour Descartes, mais un indissoluble ensemble corps/âme
Or, le coeur de votre maman bat toujours, elle est donc toujours en vie et paraît donc toujours disposer d'une âme. CQFD.
Cependant la question de la sonde dans l'estomac vient fausser le raisonnement car il s'agit d'une vie artificielle dans la mesure où on peut raisonnablement penser que celle-ci aurait vraisemblablement cessé depuis longtemps sans ce dispositif étranger à l'économie du corps tel que Dieu (ou la nature pour les athées irréductibles) l'a conçu.
"Mais alors" me rétorquerez-vous, "il est donc possible de "forcer" l'âme à animer un corps au-delà de son rôle naturel" ? Il semblerait bien que notre médecine faustienne et prométhéenne puisse répondre "oui", avec enthousiasme....dans la mesure où elle s'embarrasserait de savoir si nous avons une âme ou non.
De toute façon ce serait une réponse arbitraire puisque notre médecine est fondamentalement matérialiste.
Il nous faut donc chercher ailleurs.
La même doctrine aristotélicienne que j'évoquais plus haut pourrait nous aider à sortir d'embarras. En effet Aristote considère l'âme comme tripartite. Nous aurions ainsi une âme végétale, coiffée par une âme animale et elle même dominée - quoiqu'on en doute pour certains - par une âme rationnelle ou spirituelle.
Dans le cas de personnes maintenues artificiellement en vie mais dont il est visible que les facultés mentales ont été détruites par la maladie ou la vieillesse, sans espoir raisonnable de récupération ou de retour en arrière, on peut penser que seule l'âme végétale "vit"encore; l'absence d'émotions laissant supposer que l'âme animale (siège des passions et des affects) elle même a été engloutie.
Dans le cas de morts naturelles on peut penser que les trois âmes ou les trois fonctions de l'âme s'éteignent en même temps. Dans le cas de votre maman on peut accepter l'idée que seule l'âme végétale se maintient encore et permet au corps d'assurer les fonctions vitales minimum alors que tout le reste a été détruit. Une sorte de "mise en sécurité" comme il en existe dans les usines très complexes en cas d'incidents graves.
D'ailleurs certains partisans de l'avortement évoquent cette théorie traditionnelle (que j'estime très pertinente pour ma part puisque nous sommes des âmes incarnées et non de purs esprits) pour justifier leur position en disant qu'avant trois mois, seule l'âme végétale fonctionnant, nous ne détruisons donc pas une "personne" mais un légume en détruisant un embryon dans le sein de sa mère.
Ils se trompent. Soit sciemment - mais il faut bien sauver la face. Soit de bonne foi. Or, il faut bien avoir à l'esprit le schéma suivant :
- Les rapports entre les trois niveaux de l'âme sont olarchiques et non hiérarchiques. Ce qui veut dire que le mouvement qui part de l'âme végétale pour aller vers l'âme rationnelle implique que le niveau inférieur est indispensable pour atteindre au niveau supérieur : il faut disposer d'une âme végétale pour disposer d'une âme animale et d'une âme animale pour disposer d'une âme rationnelle. Ce ne sont pas trois éléments indépendants et superposés les uns aux autres (une hiérarchie) mais des éléments qui s'engendrent les uns les autres (une olarchie).
En d'autres termes il ne peut exister une âme animale sans l'existence préalable et nécessaire de l'âme végétale; de même l'âme spirituelle ou rationnelle ne peut accéder à l'être sans la présence préalable et nécessaire de l'âme animale.
Chaque niveau supérieur, je le répète, dépasse et inclut nécessairement (au sens fort) le niveau inférieur.....mais pas l'inverse. On ne peut détruire un niveau inférieur sans détruire corrélativement le niveau supérieur. Ce qui n'est pas le cas dans une "hiérarchie" : vous pouvez supprimer tous les capitaines d'une armée sans porter atteinte aux commandants et aux colonels. Ils bosseront un peu plus, c'est tout...
L'âme végétale peut très bien subsister par elle-même sans nécessité des deux autres alors qu'elle est indispensable aux deux autres. C'est le drame de l'avortement : vous détruisez le processus de création d'une âme telle qu'il avait été conçu et voulu par son créateur. Vous vous donnez un droit de vie et de mort, de création ou de renvoi au néant, qui appartient à Dieu seul et vous vous instituez "comme des dieux" suivant la promesse du Serpent au jardin de l'Eden. Et, pour ceux qui ont une approche surnaturelle de ces questions morales et religieuses, vous peuplez l'inter-monde, l'éther, d'innombrables âmes errantes, en souffrance de leur inachèvement, désespérées de ne pouvoir ni revenir en arrière ni accéder à la plénitude de leur incarnation.
En revanche, s'agissant du problème posé par votre maman (et par beaucoup d'autres cas identiques) il ne me semble pas que vous transgressiez quelque règle que ce soit - religieuse, morale, humaine - en décidant de faire cesser cette alimentation artificielle qui n'entretient en vie que ce qui chez elle est d'ordre végétal et ne peut accéder à un niveau supérieur puisque c'est justement le niveau qui a été détruit par la maladie (l'inverse de l'avortement donc).
La transgression ou l'ubris sont tout entières du côté du médecin qui s'est acharné à aller contre l'ordre naturel des choses, plus par défi technique que par souci de soulager des souffrances qu'il ne fait que prolonger - sinon pour votre maman qui ne peut en prendre conscience - du moins pour son entourage qui souffre depuis trois ans pour rien sans doute.
Voilà comment je comprends les choses. Si je suis délibérément et totalement opposé à toute forme d'euthanasie, je suis non moins délibérément opposé à toute forme de maintien en survie artificielle quand il est clairement et indubitablement établi que la maladie n'a aucune chance de régresser. Et c'est justement le cas - actuellement - pour la maladie d'Alhzeimer, surtout quand le sujet n'est même plus en état de se nourrir lui-même. Ma femme et moi avons bien connu cela à travers sa maman que nous avons accompagnée jusqu'au bout....
Le reste est affaire de sensibilité personnelle, d'entente familiale et je sais bien qu si les choses deviennent plus claires pour l'esprit, elles n'en sont pas moins dures à vivre sur le plan affectif.
J'espère que ces quelques réflexions pourront vous aider, mais vous pouvez être assurée que je ne raisonnerais de même (dans la mesure de mes connaissances actuelles sur le sujet bien sûr) s'il s'agissait de ma propre mère.
Bien cordialement à vous et bon courage à toute votre famille
LSM